Yves Bonnefoy : esquisse biographique
par Marie Lopez (Aix-Marseille Université)
Marie_Lopez_Y_Bonnefoypar Marie Lopez (Aix-Marseille Université)
Marie_Lopez_Y_Bonnefoypar Marie Lopez (Aix-Marseille Université)
Marie_Lopez_WB_Yeatspar Jean-Charles Perquin (Université Lyon 2)
La biographie d’Elizabeth Barrett Browning et de Robert Browning présente des difficultés qui dépassent de loin le problème de la biographie appliquée aux poètes, notamment à cause des passages obligés qui articulent les travaux biographiques qui les ont concernés jusqu’à aujourd’hui : tout d’abord, il y a la nature pour ainsi dire narratogénique de certains épisodes, à commencer par l’histoire d’amour légendaire des Browning, interdite par le père d’Elizabeth et constamment menacée par la mystérieuse maladie qui affectait la poète ; mais il y a également les trois premières décennies de la carrière littéraire de Robert, durant lesquelles ce dernier devait péniblement se faire accepter et reconnaître par une critique hostile. De facto, ce narratogénisme en venait à couvrir d’autres moments et d’autres structures par ce que l’on pourrait qualifier de scotomes biographiques. C’est ainsi que l’articulation de la vie des deux époux célèbres de la poésie victorienne, loin de les éclairer simplement l’une par l’autre, risquait de transformer le récit de leur vie de poètes en véritable gageure.
Une-biographie-de-poètesLes Sonnets portugais d’Elizabeth Barrett Browning
ou l’adresse impossible
Jean-Charles Perquin (Université Lyon 2)
Les Sonnets portugais offrent un exemple lumineux de l’imbrication qui existe entre les études littéraires et les études biographiques, tant le recueil est à la fois l’émanation secrète et poétique de l’idylle naissante entre les deux grands poètes victoriens Elizabeth Barrett Moulton Barrett et Robert Browning, mais aussi une manière, tout aussi poétique, de lire et de poétiser la vie des deux protagonistes, c’est-à-dire de lui donner son vrai sens littéraire. Tout, dans le célèbre recueil, laisse entendre et voir l’impossibilité de l’adresse amoureuse et la difficulté de déclarer et de dire un amour par essence indicible et qui pourtant ne repose que sur le langage de l’amour, à savoir la poésie, ici dans sa forme la plus concentrée, la plus traditionnelle et pourtant la plus novatrice depuis l’âge d’or du sonnet, en pleine Renaissance anglaise.
Jean-Charles Perquin est Maître de Conférences au Département d’Études du Monde Anglophone de l’Université Lyon 2, auteur de nombreux articles sur la littérature et la poésie victoriennes, notamment celle de Robert Browning. Il a écrit la biographie de ce dernier, ainsi que celle d’Elizabeth Barrett Browning, toutes deux à paraître, et il est l’auteur de la première édition bilingue d’Aurora Leigh (1856), le grand poème épique victorien publié par Elizabeth quelques années seulement après la parution des Sonnets portugais.
Elizabeth Barrett Browning, Aurora Leigh
Traduction et notes de Jean-Charles Perquin
Paris: Classiques Garnier, 2020
Littératures du monde n° 34
763 pages, ISBN: 978-2-406-09393-0
Joanny Moulin, Nguyen Phuong Ngoc & Yannick Gouchan
La Vérité d’une vie
Études sur la véridiction en biographie
Paris : Éditions Honoré Champion, 2019
Bibliothèque de littérature générale & comparée n° 162
Qui manquerait une porte ? Ainsi parlait Aristote de la vérité
pour dire qu’elle est immanquable, alors que paradoxalement il est
impossible de l’atteindre absolument. Ces études ont en commun
de partir pragmatiquement du constat que le principal obstacle à
une théorie de la biographie comme genre littéraire distinct est le
préjugé moderne que tout est fiction, ou à tout le moins que toute
écriture en relève nécessairement. Sitôt cette vérité énoncée, on
voit bien que c’est une évidence et que pourtant elle est fausse. Ce
paradoxe, qui est aussi celui du menteur, ouvre une brèche où
s’engouffre comme un courant d’air la possibilité d’un regain de
l’expérience esthétique littéraire. En effet, la biographie nous
interpelle autrement que la fiction parce qu’elle est véridiction,
parce qu’elle est volonté de dire vrai. En cela, elle est comme la vie
une bataille toujours perdue d’avance, mais où se livrent parfois de
beaux combats.
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